Revue de presse
La scénographie et la mise en scène d’Adriano Sinivia, qui est loin d’être dénué de talent, comptent d’indiscutables moments de bonheur: le tableau d’une Venise crépusculaire bleutée d’une belle poésie, l’utilisation pertinente et intelligente de projections cinématographiques sur plusieurs écrans, et un art de magicien et illusionniste spectaculaire.
Monique Barichella (janvier 2003)
Spectacle très original… La mise en scène de A. S. montre une connaissance de la scène assez prodigieuse et nous avons là une sorte de « spectacle total » mêlant théâtre, mime, opéra, vidéo… Rien n’est gratuit dans cette vision, l’intérêt est sans cesse mis en éveil, c’est un spectacle riche qui gagnerait à être vu plusieurs fois.
Pierre-Emmanuel Lephay (5 décembre 2002)
Dans cette interprétation du vénitien Adriano Sinivia, le « fil rouge », la logique imminente, est plus importante que l’authenticité. Sinivia se rapproche du fantasme d’E. T. A. Hoffman avec l’aide d’un mélange surréel de pièces de film et de théâtre des années 20, en passant par l’esthétique de Fellini ou Kubrick, en passant par l’univers Cyber Space. Un « tunnel du temps » abstrait pour l’espace, des métamorphoses vidéos, personnages volants, décors, et costumes, dans lesquels se miroitent le rêve et la réalité: cette production est une pièce fantaisiste moderne réussie à la manière d’Hoffman, un voyage vers le conflit hoffmannien entre le monde poétique intérieur et le « dur » extérieur; un monde des plus amusants.
Alexandre Dick, traduit de l’allemand (février 2003)
Le spectacle conçu par Adriano Sinivia pour l’Opéra du Rhin Promène le spectateur dans les arcanes d’un imaginaire embrumé. Apparaissent, dans un décor sobre et sombre, des images, des projections vidéo, un spectre dansant dans les airs (la mère d’Antonia), des illusions. Réalités et reflets se font écho, se mêlent et se confondent. En utilisant avec parcimonie mais toujours à bon escient quelques artifices techniques, le metteur en scène a su restituer l’ambiance trouble du chef-d’œuvre d’Offenbach et les errements du rôle-titre… Spectacle intelligent et onirique…
Philippe Venturini (avril 2003)
La mise en scène, les décors avaient pris le parti de jouer pleinement la carte du fantastique et du décor de cinéma.
De ce fait, Hoffmann vit ici bien plus un voyage proche du baron de Münchausen que l’habituelle réflexion sur le bien, le mal et l’éternel féminin.
Pour apprécier pleinement cette conception, il faut donc se laisser porter par le plaisir des machineries, des couleurs, de l’éclairage. […]
Les références cinématographiques abondent ici : le tribun de Citizen Kane, les voyages de Gulliver et même certaine référence aux plus beaux laboratoires maléfiques des James Bond.
[…] Bars américains glauques où rampent d’immondes loques humaines, poupées mécaniques aux allures de Marilyn Monrœ qui se désintègrent, écrans de contrôle et défilés de mode, tout ici suggère le rêve et le cauchemar.
Comme un voyageur dans le temps, le spectateur assiste au passage de l’autre côté du miroir, et, comme Hoffmann, manque d’y laisser sa raison et ses habitudes.
Pierre Breiner (17 décembre 2002)
Adriano Sinivia, qui signe la mise en scène de la production alsacienne, a fait usage de toute une panoplie de décors, d’éclairages, de la vidéo et d’effets de prestidigitation époustoufflants. Le foisonnement de moyens, maitrisés à la perfection, n’étouffe jamais l’action, mais la souligne au contraire avec un sens aigu de la psychologie des personnages. Chaque contexte, chaque réminiscence, chaque ambience profitent des habiles prolongements imaginés par le scénographe italien… L’usage de la vidéo fait corps avec la scène, avec les personnages. Elle apparait comme un prolongement extraordinaire du mental d’Hoffman, lui-même présenté comme un poète déchu et oublié. L’humour n’est pas escamoté pour autant, bien au contraire. Il parvient à s’octroyer une place de choix à maintes reprises sous les dehors désopilants d’une très agréable fraicheur et sans la moindre faute de gout. Ou comment souligner la gravité présente dans l’œuvre sans lourdeur. Difficile de livrer une lecture d’un esprit plus authentique! Truffées d’options techniques audacieuses, de rythmes, de partis pris limpides d’une rare acuité de regard et d’une esthétique sublime, cette mise en scène d’Adriano Sinivia, renforcée par des décors et des costumes bien pensés, flirte avec le génie; ce d’autant qu’elle permet aux acteurs-chanteurs de déployer un jeu tout à la fois crédible et facétieux qui respire l’intelligence.
Bernard Halter (février 2003)
Hoffmann dans son tunnel
Dans un décor suggérant les couloirs voûtés de la psyché et grâce aux éclairages crépusculaires de Fabrice Kebour, les rencontres demeurent oniriques, souvent polarisées autour de très belles projections sur écrans et animées de trouvailles fécondes, plastiquement réussies .
Christian Fruchart (8 décembre 2002)
La mise en scène d‘Adriano Sinivia colle à notre époque avec l’intrusion de la vidéo et des éclairages cinématographiques qui plongent le spectateur dans une fresque contemporaine, soulignée par les quelques pas de break-dance esquissés au premier acte. Les multiples anachronismes volontaires qui émaillent les cinq actes de ces Contes d’Hoffmann invitent à une lecture au second degré de cette œuvre….Morale dramatique de l’histoire: la femme idéale n’existe pas.
Olivier Mirguet (décembre 2002)
La mise en scène et la scénographie sont flamboyantes et inventives. De nombreuses pistes s’offrent: la magie,le trompe l’œil, le fantastique, l’onirique. Les mises en abyme sont permanentes.
La vidéo, les images de synthèse nous rappellent Meliès.
Philippe Kientzy (janvier 2003)